Parti pris
• Au-delà de la simple considération théorique, l’étude des représentations sociales (RS) et de ses contenus informe des critères qui permettent aux individus de produire un jugement ou de justifier de conduites dans certaines situations. L’humain élabore de façon continue des systèmes de croyances autrement appelées «savoir naïf». Et c’est précisément ce savoir naïf qui guide majoritairement nos conduites…
• Une des caractéristiques des RS est qu’elle constitue un guide pour l’action (Moscovici, 1961) autrement dit, elles sont susceptibles d’orienter les comportements dans un sens plutôt que dans un autre. Ainsi l’étude des représentations sociales permet d’identifier les actes préparatoires les mieux à même de déboucher sur les comportements recherchés.
• Les RS se développent à propos d’objets structurant ou menaçant l’ordre social et sur lesquels plane une incertitude. Cette incertitude résulte d’abord de la complexité des objets qu’elle concerne. Mais elle peut aussi résulter des faiblesses ou du manque de légitimité des institutions du savoir, qu’elles soient religieuses, scientifiques ou politiques. En un sens, les RS viennent combler la place laissée vacante par ces institutions (Guimelli &Moliner, 2015).
• La psychologie sociale (Moscovici, 1984) porte un regard « ternaire » en étudiant l’interaction entre l’individu (ego) et la société (alter) en tant que processus médiatisant sa relation à l’environnement (objet).
• Les ressources naturelles ont la caractéristique de constituer des biens communs. Ainsi de nombreux problèmes environnementaux n’ont pas de solution technique, mais sont sans aucun doute liés à une mauvaise utilisation des ressources. Autrement dit, certains problèmes environnementaux ont des solutions humaines, sociales (Hardin, 1968).
• La question de conscience n’est pas suffisante pour motiver les gens à agir (Gardner, 2001 ; Howard, 2000). La connexion émotionnelle semble être un 2e prérequis pour s’engager pour le développement durable (Eigner, 2001 ; Kals et Maes, 2002 ; Schultz, 2002). Les deux aspects doivent être liés par des processus motivationnels appropriés (Degenhardt, 2002).
• L’environnement procure avant tout du sens et de l’identité, en situant l’individu socialement, économiquement et culturellement (Getzel, 1975).
• Le développement durable des territoires doit reposer sur des fondements identitaires locaux, plus à même, que les grands principes, de fournir un ancrage local à des enjeux globaux.
• « Il faut agir sur la capacité d’analyse, d’expression, de projection dans le futur, sur les valeurs et les attitudes, sur le sentiment de responsabilité de nos concitoyens, mais aussi sur leurs compétences techniques et leurs compétences sociales » (programme éducatif de l’UNESCO).
• La communication et l’éducation permettent sans doute d’informer les individus, probablement aussi de faire évoluer leurs discours. Mais les évidences scientifiques se font de plus en plus nombreuses aujourd’hui pour contester l’idée que la classique communication persuasive puisse avoir un quelconque effet durable sur les comportements (cf. étude de Peterson et al., 2000).
• Les campagnes de sensibilisation et de persuasion environnementale ont proliféré dans les mass-médias et autres agences de communication. La « crise environnementale » est présentée comme un discours culturel et politique que les médias utilisent généralement de manière paradoxale, puisqu’ils appellent simultanément à la consommation et à la conservation. La problématique environnementale est abordée en présentant la crise environnementale comme un problème dont nous sommes tous responsables, sans déterminer de degré de responsabilisation et en offrant des solutions simplistes et individualistes à des problèmes complexes et collectifs (King, 1994).
• En matière de communication, la question à se poser finalement est : qui dit quoi, à qui, dans quel canal, en lui faisant faire quoi, et avec quel effet comportemental ? (Joule, Girandola et Bernard, 2007).